Nos enfants pollués, et la mairie s’en fiche…

JEAN ZAY, PAULINE KERGOMARD : NOS ENFANTS SONT EXPOSES A DES RISQUES, ET LA MAIRIE NE FAIT RIEN, NE SAIT RIEN…

Un scandale majeur

Le 11 janvier dernier (2018), l’émission Envoyé Spécial présentait une grande enquête sur un scandale majeur : on a construit pendant des décennies des écoles (et des crèches) sur, ou à proximité, d’anciens sites industriels… contaminés. Pollués. Toxiques. Donc pas chers… Des dizaines de milliers d’enfants sont donc aujourd’hui exposés à divers degrés à des formes de pollution chimiques plus ou moins dangereuses. Une bombe. Des écoles sont fermées immédiatement après la diffusion du reportage, sous la pression des municipalités. Mais à la mairie de Beaumont, personne ne semble regarder les émissions de reportage à la télévision. Pourtant, deux écoles de notre commune sont concernées. Jean Zay, et surtout, Pauline Kergomard.

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L’enquête s’appuie sur une diagnostic national effectué par les services de l’État (note de bas de page) mais resté discret. Un diagnostic problématique : les conclusions sont confidentielles (c’est louche), on reste parfois flou sur les noms des polluants concernés (c’est louche), des écoles ­voisines sont classées dans des catégories différentes (bizarre), les résultats semblent minimisés (probablement pour ne pas obliger l’État à engager des travaux de dépollution…) et il manque des écoles dont les journalistes d’Envoyé Spécial montrent qu’elles sont bel et bien polluées, et dans certains cas à fermer immédiatement.

Deux écoles beaumontoises concernées

Nos deux écoles sont classées B, « à surveiller » par les services municipaux, notamment en cas de travaux. Nulle surveillance n’a pourtant lieu, et pas même préalablement aux rares travaux -notoirement insuffisants- qui ont pu être effectués, comme l’an dernier à Kergomard. Les services de l’État précisent pourtant que « les maîtres d’ouvrage veillent au maintien en bon état des bâtiments et des installations et, surtout, qu’ils prennent des précautions particulières préalablement à toute modification de l’usage des lieux ou aménagement des bâtiments et, d’une manière plus générale, préalablement à tous travaux. » C’est tellement délicat que l’État recommande de faire appel à des entreprises de travaux spécialisées dans les sites pollués.

Nos deux écoles ont été construites sur ou à proximité de sites industriels polluants. « L’école Jean Zay est contiguë à une ancienne fabrique de chaudières à gaz avec travail des métaux et des alliages par décolletage, fraisage, meulage et perçage et pulvérisation de peinture et cuve enterrée d’hydrocarbures. » Il s’agit bien sûr d’une activité liée à l’usine Paquet. « Risques : inhalation de l’air dans les bâtiments et ingestion d’eau du robinet par les enfants. » Les experts mandatés par le Ministère de l’écologie relèvent la « présence de composés volatils… dans l’ensemble des échantillons d’air sous dalle et d’air du sol. »

Altération des gênes, impact sur le développement du cerveau, du squelette, du système nerveux…

Pour Kergomard, la situation est plus préoccupante encore. Ce sont un garage (celui de la Poste autrefois) et 2 stations service (Leblanc et Marty, pour les anciens) jadis installées aux 1 et au 3 de la Rue Nationale juste à côté, qui posent problème. « Des stockages d’essence et d’huile en fûts ou en réservoirs souterrains étaient présents dans ces garages. L’entreprise Télécommunication d’Ile-de-France était également située à environ 30 m de l’école. Elle possédait une cheminée pour évacuer les résidus de combustion (chaufferie), un stockage de fioul, une activité de charge d’accumulateur et un transformateur PCB. » Des polluants dangereux et volatils – dont la liste reste malheureusement confidentielle (mais que la mairie devrait exiger !) – qui peuvent provoquer éventuellement chez le personnel et surtout les enfants des « altérations possibles des gènes », des maladies chroniques, ou encore un impact sur le développement du cerveau, du squelette, du système nerveux, de la capacité de reproduction. Ajoutons que certains de ces polluants sont « sans seuils d’effets », ce qui veut dire qu’ils peuvent être nuisibles pour la santé des enfants même à de très petites doses… Le diagnostic des services ministériels poursuit ainsi : « Risques : inhalation de l’air dans les bâtiments, ingestion de terres par les enfants et ingestion d’eau du robinet par les enfants.
Des hydrocarbures volatils… 
et un composé chloré ont été quantifiés dans l’air du sol sous la dalle des quatre bâtiments de l’école investigués à de faibles concentrations.
Des hydrocarbures volatils… ont été quantifiés dans l’échantillon d’air prélevé dans le sous-sol du bâtiment 4. 
(…) Aucune activité, ni stockage n’a été identifié dans le sous-sol lors des investigations. Cependant, ce sous-sol se poursuit sous un bâtiment situé au nord de l’école mais ne lui appartenant pas. Cette partie du sous-sol n’a pas pu être visitée. Il n’est donc pas possible d’écarter la présence d’activités et de stockages. Les substances retrouvées dans l’air de ce sous-sol pourraient ainsi être dues aux activités ou stockages actuels du sous-sol voisin non visité et au trafic routier (présence de grilles d’aération donnant sur la rue).
Des hydrocarbures, des cyanures et certains métaux 
[non révélés] ont été quantifiés dans les sols de la cour de récréation à des teneurs supérieures aux teneurs mesurées dans les échantillons témoins et aux référentiels bibliographiques. » Et le diagnostic de conclure, pourtant, qu’il n’y a pas de danger pour les enfants… avant d’ajouter quand même -un remord ?- que les composés relevés « sont susceptibles de dégrader la qualité de l’air au niveau du rez-de-chaussée fréquenté par les enfants.Il est donc recommandé de réaliser des contrôles de la qualité de l’air intérieur dans ces locaux… » Malgré la diversité et la toxicité des polluants retrouvés dans les sols et la présence de sols non recouverts et de sols herbeux, le bureau d’études ne prescrit pas de recommandations particulières pour empêcher le porté main-bouche… Ce qui n’interdit pas à une mairie soucieuse de santé publique d’en faire, et surtout, d’envisager sérieusement des opérations visant à supprimer ou réduire sensiblement les sources de pollution de notre école

Enfants, personnels, riverains… tous concernés, mais pas la mairie !

Au passage, il faut souligner que si les enfants des écoles sont exposés, les personnels le sont aussi, et bien sûr, malheureusement, les familles de riverains dont les logements ont été construits à proximité… Selon leur situation géographique et hydraulique, ils peuvent être épargnés ou au contraire dans une situation plus exposée encore… Et pour eux, à ce jour, pas de diagnostic des services de l’Etat…

Exigeons de la mairie qu’elle assure déjà pour tous les établissements scolaires de la ville une surveillance régulière de la qualité de l’air et de l’eau, et pour Jean Zay, de la dalle en béton, des revêtements de sols et des vides sanitaires qui limitent ou empêchent la remontée des polluants. Pour Kergomard, une enquête plus poussée semble nécessaire, et probablement, des interventions de décontamination du site… Parions que ce n’est pas cette municipalité qui les fera…

En savoir plus : http://www.georisques.gouv.fr/dossiers/basias/donnees/resultats?dept=95&commune=95052#/